Le nombre de joueurs en France ne cesse de s'accroître, à tel point que le pays pourrait bientôt donner naissance à son premier joueur de cricket professionnel.
Pour les non-initiés le cricket est un sport plutôt étrange. D'un côté, un homme en blanc lance une balle vers un autre homme en blanc, qui utilise une batte pour empêcher la balle d'atteindre des poteaux en bois situés juste derrière lui. Les autres joueurs, habillés tout en blanc eux aussi, sont postés autour et attendent que la balle arrive jusqu'à eux.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, de plus en plus de personnes choisissent de s'adonner à cette activité. Selon la fédération française de cricket (FFBSC), le nombre de joueurs a doublé en quatre ans. Plus d'un millier d'entres eux sont licenciés dans 50 clubs, pour la plupart à Paris et en région parisienne.
Cependant deux tiers environ sont des expatriés. L'ambassade du Royaume Uni a une équipe, même si cette dernière perd plus de matchs qu'elle n'en gagne.
" Le temps où la Grande Bretagne projetait son pouvoir diplomatique sur un terrain de cricket est maintenant révolu, ce qui n'est pas plus mal quand on voit l'influence actuelle de l'ambassade, " déclare l'ambassadeur britannique, Sir John Holmes, à France 24.
Un cricket au parfum d'Asie du sud-est
La plupart des joueurs stars dans le championnat français viennent des pays d'Asie du sud-est comme l'Inde, le Pakistan ou le Sri Lanka. Le cricket est un sport phare dans ces régions du monde où les meilleurs joueurs reçoivent les honneurs à l'image d'un Zinédine Zidane en France.
Ce sont les enfants de la seconde génération, dont les parents sont nés dans les pays du Commonwealth britannique, qui jouent un rôle grandissant dans la façon dont est pratiqué le cricket en France.
Arun Ayyavooraju, 20 ans, est l'un d'entres eux et David Bordes, le directeur technique de la FFSBC, voit en lui un futur champion.
"Arun est né de parents indiens," explique t-il. "Et il pourrait très bien devenir le premier joueur professionnel en France. Des grands clubs anglais le suivent de près. Il joue aussi dans l'équipe européenne des moins de 20 ans et se débrouille bien. "
Selon la FFSBC de plus en plus de jeunes français suivent l'exemple d'Ayyavooraju. L'équipe nationale actuelle est constituée à part égale de joueurs nés à l'étranger et de joueurs nés et ayant vécu toute leur vie en France. Mais la fédération espère bientôt que la plupart d'entres eux auront été formés dans l'Hexagone exclusivement.
"Nous possédons un groupe très talentueux de jeunes entre 13 et 17 ans," ajoute David Bordes. " Et je dirais même que quatre ou six d'entres eux ont accompli des progrès impressionnants. "
David a 32 ans, il est français et est le seul employé à plein temps de la fédération. Il a découvert le cricket grâce à l'un de ses anciens professeurs, tombé amoureux de ce sport pendant ses études à Oxford.
Cricket contre football
Le manque de couverture médiatique du cricket en France pose cependant un problème majeur quand il s'agit d'intéresser les enfants à ce sport.
"Il est évident que les enfants ont besoin de héros et le football est le seul sport diffusé en permanence à la télévision, " explique David. "La chose à faire était donc de trouver une version du jeu qui attiserait leur curiosité."
Aussitôt dit aussitôt fait. La fédération a organisé un match en indoor avec seulement six joueurs par équipe au lieu des 11 habituels, quand la partie se déroule en extérieur.
" Dans ce contexte spécifique un match ne dure qu'une heure et tout le monde doit s'impliquer tout le temps," explique David.
C'est justement dans les compétitions indoor que la France a eu le plus de succès jusqu'à présent. En 2004, l'équipe nationale indoor française a battu son homologue anglaise du comté de Kent, qui comptait dans ses rangs plusieurs internationaux dont deux joueurs de l'équipe d'Angleterre, Geraint Jones et Robert Key.
Dans la version outdoor la France avait espéré terminer sur le podium lors des derniers championnats d'Europe cette année mais elle s'est finalement classée à une décevante 6ème place. Mais si le cricket redevient un jour un sport olympique, les français seront consolés de savoir qu'ils avaient terminé à la seconde place en 1900, à Paris. Seulement deux équipes, la France et la Grande Bretagne, avaient participé aux Olympiades d'été cette année là tandis que l'équipe britannique était composée principalement des employés de l'ambassade.
Il semblerait donc tout à fait approprié de laisser Sir John Holmes conclure : " Les clubs en France attirent une nouvelle génération de joueurs. Les règles du jeu sont même disponibles en français désormais. Cela ne peut qu'être positif même si j'espère que la France ne nous dépassera pas trop vite dans le classement mondial.
